Abstraits

1995 à 2023

En fin de parcours, Guy Horenbach renoue avec l'abstraction. La boucle est bouclée. Joie palpitante de s'aventurer au-delà du sujet, de ne plus se préoccuper que des matières, des lignes, des formes et des couleurs, de laisser parler sa créativité et son imagination.

Allers et retours

L'art abstrait sous toutes ses formes s'est considérablement développé en Wallonie durant le 20ième siècle et jouit d'une reconnaissance publique et privée essentiellement après 1945. Guy Horenbach y touche déjà dès ses débuts. Il y revient en fin de carrière. L'art abstrait de Guy Horenbach est varié: tantôt coloré, tantôt délavé, tantôt chargé, tantôt minimaliste, tantôt dessiné, tantôt effacé. Pas de symétrie parfaite ou de lignes parfaitement droites: l'équilibre se construit naturellement, librement. Parfois, les motifs évoquent ceux de certains tissus ou tapis.

Un art de la composition

L'art abstrait est sans conteste le plus concret qui soit puisqu'il est la présentation d'une chose créée par l'artiste et non la représentation d'une chose pré-existante. Les limites du monde se trouve donc élargies, imprégnées de l'imagination, de l'intuition ou de l'intériorité du peintre. La composition, les formes et les couleurs visent la poésie et priment sur un sujet qui a disparu.

Work in progress

Guy Horenbach, qui a décidé de ne plus signer (comme les « primitifs » qu'il admire), choisit comme supports privilégiés le carton et/ou les panneaux de bois.

Sur le bois, plus solide, il travaille en différentes couches: la peinture abstraite est tantôt recouverte de cire, de couvertures de livres, de papiers journaux, tantôt coupée au cutter. Une troisième couche peut être parfois réalisée à la peinture ou au pastel. Parfois, c'est l'inverse qui se produit: il se met alors à gratter, effacer en partie son œuvre avec une éponge ou un chiffon imprégnés de white spirit. Il frotte, gomme, simplifie, épure. Son œuvre vit, est en perpétuelle évolution, comme une sorte de work in progress. L'oeuvre est à peine "finie" qu'il la reprend en main et la retravaille presque à l'infini, encore et encore.

Le résultat est intéressant: entre construction et déconstruction; la matière est riche, les couleurs et les formes se répondent malgré les oppositions et donnent une impression harmonieuse.

Certaines œuvres délaissées dans son atelier resurgissent quelques années plus tard, renouvelées, comme des plantes vivaces.

La vie et la mort, entre création, effritement et résurrection, s'y côtoient.

Jacques Parisse, 1998

Chez Guy Horenbach, finis les arrière-cours, les petits jardins solitaires et bleutés, voilà le nouvel Horenbach abstrait calme et ses infinies variations. Sur un papier de petit format, dans des camaïeux d'ocre, de jaune, de blanc, il étudie les ressources du carré, du rectangle, de la diagonale. Mais ce géomètre n'est pas froid en dépit de l'ascèse graphique qu'il s'impose. Mis bout à bout, ces petits papiers sensibles se déroulent comme une partition musicale pour une mélopée mezzo voce très douce et très poignante.